- maganer
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magan(n)erv. (Québec) Fam.rI./r v. tr.d1./d Maltraiter (une personne, un animal). Maganer son chien.— Faire du tort à (une personne, un animal). La grippe le magane.— (Absol.) Fumer, ça magane.d2./d Endommager, abîmer (une chose). Maganer son auto, ses livres.d3./d Fig. S'en prendre violemment à (qqn, qqch) par des paroles, des écrits. écrivain qui se fait maganer par la critique.rII./r v. intr. Subir les effets de la fatigue (personnes), de l'usure (choses). Je magane à attendre debout. Tente qui magane à cause des intempéries.rIII/r v. Pron.d1./d (Personnes) Se causer du tort.— (Avec un compl.) Se maganer les mains, la vue.d2./d (Choses) Subir des dommages, se détériorer. La peinture se magane au soleil.⇒MAGANER, verbe trans.Région. (Canada)A. — Maganer (qqn)1. Qqn magane qqna) Traiter quelqu'un avec rudesse, brutalité. Synon. maltraiter, malmener. On a crié que la Fédération et le Conseil (...) étaient en train de maganer les hommes, que même Sanctus était mort battu à coup de crochet par un capitaine (J.-J. RICHARD, Neuf jours de Haine, Montréal, éd. L'Actuelle, 1972, p. 251 ds Néol. Canad. t. 1 1976).b) Tourmenter quelqu'un avec insistance, le tracasser. — Vous êtes-vous sauvé de l'hospice? — (pleurniche) Oui. (...) J'étais après mourir. — Les Soeurs vous maganaient? (J. FERRON, Cayou ou le Prix de la Virginité, Montréal, éd. d'Orphée, 1963, p. 57, ds Néol. Canad. t. 1 1976).2. Qqc. ou qqn magane (qqn). Fatiguer, affaiblir.a) Qqn magane (qqn). Fatiguer, affaiblir en exigeant un travail, des efforts excessifs. Maganer un cheval (Canada 1930).— À la forme passive. Il passe pour avoir la main dure, «l'acheteux» (...). Et s'il fallait qu'elle fût «maganée», la pauvre vieille!... Je m'en vais dire comme on dit: ça ne porte pas chance, d'ordinaire, vendre ses vieux chevaux (ABBÉ L. GROULX, Les Rapaillages (vieilles choses, vieilles gens), Montréal, Le Devoir, 1916, p. 15 ds Néol. Canad. t. 1 1976).— Emploi pronom. réfl. Se maganer (à qqc.). Mon cheval se magane aux gros travaux (BÉL. 1974).b) Qqc. magane qqn. J'ai un rhume qui me magane (Canada 1930).— À la forme passive. Quand on prend trop de bière, on est magané le lendemain (BÉL. 1974).B. — Maganer qqc. Mettre quelque chose en mauvais état; lui causer du dommage, des dégâts.— Qqn magane qqc. Les écoliers sont heureux quand ils ont magané leurs livres de classe (DIONNE 1909). En passant dans la boue, il a magané ses souliers (Canada 1930).— Qqc. magane qqc. Il y avait des roches dans son moulin à battre, et ça l'a tout magané (Canada 1930). La sécheresse a magané les récoltes (BÉL. 1974).— À la forme passive. Une fois, en l'espace de 48 heures, je me suis piqué 23 fois. C'est pas compliqué, je ne trouvais plus de place sur mon corps pour planter l'aiguille tellement mon épiderme et mes veines étaient maganés! (J.-C. TRAIT, «Faut pas me mettre un...», Montréal, La Presse, 2 mars 1974, cahier D, p. 3, col. 2 ds Néol. Canad. t. 1 1976). Oui, y m'ont donné un catalogue avec (...) L'autre était tout magané (M. TREMBLAY, Les Belles-Soeurs, Montréal, 1968, p. 5, ds Néol. Canad. t. 1 1976).♦Part. passé adj. Chemise (...) bien maganée (V.-L. BEAULIEU, Pourquoi Lemelin? Montréal, Le Devoir, 2 févr. 1974, p. 13, col. 1, ds Néol. Canad. t. 1 1976). Les élastiques sont usés jusqu'à la corde et retombent tout de suite les vieux bas maganés (V.-L. BEAULIEU, Oh Miami, Miami, Miami, Montréal, éd. du Jour, 1973, p. 28, ds Néol. Canad. t. 1 1976).[Qualifie l'aspect physique d'une pers., dans son ensemble ou dans l'un de ses éléments] Marqué (par l'âge), fripé. Voyons, reprit l'autre, est-ce que j'ai la fraise si maganée que tu n'arrives pas à reconnaître un de tes vieux amis? (Y. BEAUCHEMIN, L'Enfirouapé, Montréal, éd. La Presse, coll. Écrivains des Deux Mondes, 1974, p. 152, ds Néol. Canad. t. 1 1976). Trop magané pour qu'on lui donne un âge, le crâne rasé pour ne pas faire voir qu'il n'a plus beaucoup de cheveux, la démarche aussi incertaine que l'identité (P. FOGLIA, Mon œil sur le sport, Montréal, La Presse, 7 déc. 1974, cahier C, p. 2, col. 1, ds Néol. Canad. t. 1 1976).Prononc. et Orth.:[magane]. GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 164: maganner; V.-L. BEAULIEU, La Nuitte de Malcom Hudd, Montréal, éd. du Jour, 1969, p. 221 et J. FERRON, Le Ciel de Québec, Montréal, éd. du Jour, 1969, p. 248: maghaner. Étymol. et Hist. 1894 (S. CLAPIN, Dict. can.-fr.: Maganer [...] Rudoyer, malmener, maltraiter [...] Se servir de quelque chose sans soin, sans prudence). Mot canadien (cf. DIONNE 1909, Canada 1930). Orig. obsc. Issu peut-être de l'a. b. frq. maidanjan «mutiler, estropier» (BRÜCH ds Z. rom. Philol. t. 39, pp. 202-203; FEW t. 16, pp. 500-502 et note 7), d'où l'a. fr. mahaignier «blesser grièvement, estropier, mutiler; maltraiter, tourmenter» et l'a. prov. maganhar «blesser, estropier» (-g- peut-être sous l'infl. de l'a. prov. magorn «jambe mutilée», v. BRÜCH, loc. cit.), et les formes mod. langued. magagna «rendre malade, incommoder, blesser; vicier, gâter; tracasser, vexer, inquiéter; bousiller» (MISTRAL), saint. margagner «abîmer», Dol maganner «remuer avec vivacité, brutaliser» (FEW t. 21, p. 390b; cf. R. Ling. rom. t. 38, p. 304), maganer «agacer quelqu'un» (A. DAGNET et J. MATHURIN, Le Parler ou lang. pop. cancalais, Saint-Servan, 1906).
Encyclopédie Universelle. 2012.